22e dimanche B 2015
Cathédrale Notre-Dame de Québec
Célébration de l’Eucharistie
Homélie
(Deut 4,1-2.6-8 ; Jc 1,17-18.21b-22.27 ; Mc 7,1-8.14-15.21-23)
Dans ce récit évangélique, on nous fait voir Jésus s’adressant une fois encore aux scribes et aux pharisiens. On a l’impression que la question qu’ils lui posent le met plutôt de mauvaise humeur. Il n’y va pas avec le dos de la cuiller, comme on dit parfois, reprenant à leur égard les paroles du prophète Isaïe : Hypocrites !, leur dit-il, ce qui n’est très aimable.
Hypocrites… Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. La tradition des hommes, Jésus pensait sûrement aux 613 préceptes que la tradition juive avait ajoutés aux dix commandements.
Des paroles de Jésus pour le moins un peu dérangeantes, pour les scribes et les pharisiens qui discutaient avec lui, mais dérangeantes aussi pour nous qui les entendons aujourd’hui. Il est inutile le culte qu’ils me rendent. Ne sommes-nous pas rassemblés en cette église pour un acte de culte, l’Eucharistie dominicale ?
Jésus ajoute, mais en s’adressant alors à ses seuls disciples, les amenant à l’écart : C’est du dedans, du cœur humain que sortent les pensées perverses. Il continue, en leur faisant entendre ce qu’on pourrait considérer comme une liste de péchés : Inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités…. C’est la seule fois dans les Évangiles où on voit Jésus s’exprimer ainsi, énumérer une série d’actes qu’il juge mauvais, condamnables.
Il est important de remarquer que, dans cette liste, parmi ces douze péchés, il n’y en a pas un seul qui vise directement les devoirs envers Dieu. Il s’agit uniquement de comportements, d’attitudes, de gestes qu’on retrouve dans les relations humaines, à à l’égard les uns des autres.
On pourrait, et c’est intéressant de le faire, relire cette liste en nommant plutôt le correspondant positif, en faisant voir la vertu que chacun de ces péchés vient contredire. On obtiendrait alors ceci : une vie droite, l’honnêteté dans les affaires et dans l’usage de l’argent, la non-violence, le respect d’une sexualité normale et juste, la maîtrise des désirs, la douceur, la loyauté, le sérieux de la vie et le courage, le goût de la simplicité, le respect de la réputation des autres, l’humilité, l’équilibre.
La morale que Jésus présente est une morale qui appelle à des rapports normaux corrects entre les personnes. En ce sens, cette morale évangélique rejoint les commandements donnés par Dieu à Moïse, ce que rappelait la première lecture, et non pas les 613 préceptes que la tradition des hommes y avait ajoutés.
C’est en parlant des commandements venant de Dieu que la première lecture disait : Ces commandements, vous les garderez, vous les mettrez en pratique; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Il arrive que souvent on se moque de ces commandements, c’est qu’on ne réalise pas qu’ils sont la base de toute civilisation, de toute culture qui se veulent humaines ; ils disent ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur des gens. C’est le fonds commun de la conscience universelle, celle qui règle les rapports normaux entre les hommes.
Si tous ceux et celles qui se disent croyants se rappelaient cela et agissaient en conséquence, on s’éviterait ces problèmes graves que nous connaissons présentement dans nos sociétés, dans notre monde si troublé, où il se passe des choses horribles; on n’a qu’à penser à ces centaines de milliers de migrants, dont de nombreux enfants, qui fuient leur pays parce que une vie normale n’y est pas possible.
Saint Jacques, dans la deuxième lecture, disait : Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter. … Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde. Le respect et le souci des autres, spécialement de ceux et celles qui ont besoin d’être encouragés, aidés, secourus, accueillis.
Si on veut retrouver ce message de la Parole de Dieu de ce dimanche et le situer dans le contexte social actuel, il faut lire la toute récente lettre du pape François. Cette lettre a comme titre, des mots empruntés au cantique des créatures de saint François d’Assise : Loué, sois-tu, Seigneur !... Loué sois-tu pour sœur notre mère la Terre !
Le pape, dans sa lettre qui porte sur un problème on ne plus actuel, l’environnement, les changements climatiques, a cette belle expression pour parler de la terre, il l’appelle notre maison commune. La terre, cette maison que Dieu nous a donnée pour que nous l’habitions, que nous en fassions cette demeure où il serait possible de nous y retrouver tous ensemble dans la paix et la joie, cette maison qu’il nous a donné la mission de travailler ensemble à l’embellir, à la rendre agréable pour tous.
Le pape nous offre la meilleure et la plus sûre réflexion qu’on puisse avoir à ce sujet, et une réflexion fondée sur le message de Jésus, sur l’Évangile. Permettez-moi de lire de brefs passages de cette lettre.
La gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et que nous avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience, ascèse et générosité, nous souvenant toujours que la réalité est supérieure à l’idée. (201)
Je veux proposer quelques lignes d’une spiritualité écologique qui trouvent leur origine dans des convictions de notre foi, car ce que nous enseigne l’Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre. (216)
Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse; cela n’est pas quelque chose d’optionnel, ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne. (217)
Une lettre toute proche de la parole de Dieu de ce dimanche, une lettre qui invite toute personne à mettre en pratique les vertus évangéliques que Jésus rappelait à ses disciples, qu’il nous rappelle, nous qui sommes à l’écart avec lui, et il nous invite avec insistance à les mettre en pratique. C’est là, devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de vivre la religion. (1035-5147)