Homélie - 12e dimanche du temps ordinaire 2021 B

Homélie
2021/06/30
Homélie - 12e dimanche du temps ordinaire 2021 B

12e dimanche du temps ordinaire 2021 B

Une foi plus forte que toute tempête  !

Homélie

(Jb 38,1.8-11 ; II Cor 5,14-17 ; Mc 4,35-41)

Ce récit de saint Marc a presque l’allure d’un reportage, mais il n’a sûrement pas comme objectif d’informer ses lecteurs, de nous informer d’un événement qui serait arrivé il y a longtemps, dans un pays lointain. Cela serait pour nous sans importance. Ce n’est pas non plus pour nous raconter un miracle de plus, fait par Jésus. S’il nous est raconté comme Parole de Dieu, comme Bonne Nouvelle, ça ne peut être que pour nous aider à mieux comprendre, à mieux vivre ce que la vie nous apporte actuellement.

Il y a une réalité dont les médias ne cessent pas de nous parler. Ce navire qu’est l’Église voguant sur la mer de l’histoire connaît actuellement une dure tempête, qui ne semble pas vouloir se calmer. On a l’impression que tout est bousculé : l’autorité, la vie familiale, la morale, la pratique religieuse, les vocations, et tant d’autres réalités de la vie chrétienne.

Quand on voit ce qui se passe dans la vie de tellement de pays et au niveau, la vie ne nous parait pas plus rose. S’ajoutent ces autres tempêtes qui viennent perturber notre vie personnelle, des événements qui nous apportent tristesse et inquiétude, comme cette pandémie vécue pendant de si nombreux mois et dont on se demande si elle est vraiment terminée.

Il est bon de nous rappeler l’enseignement des deux petites paraboles de dimanche dernier, celle de la semence jetée en terre, celle de la toute petite graine de moutarde devenue un grand arbre. Elles nous parlaient de la discrétion de Dieu qui nous semble souvent absent, mais qui dans son silence n’est pas inactif, ne nous oublie pas. Il faut savoir attendre, attendre avec patience, et surtout avec confiance, parce que la lumière et le calme finissent toujours par revenir. Dieu, notre Père, est toujours là, présent, plein d’attention à notre égard.  

L’Évangile de ce dimanche nous redit exactement le même enseignement, non pas cette fois à travers des paraboles, mais à travers un événement, resté bien présent dans la mémoire des apôtres, un événement dont ils aimaient se souvenir quand la vie devenait difficile. Sachant ce qu’a été leur vie, nous avons envie de penser qu’ils avaient grandement besoin de se raconter fréquemment le comportement de Jésus lors de cette tempête sur le lac de Galilée.

C’est vrai que pendant nos tempêtes humaines, celles que connaît l’Église, celles qui ébranlent nos sociétés, celles qui bouleversent notre vie, Dieu peut nous sembler dormir, ne pas s’occuper de nous. Nous nous sentons impuissants, menacés de tous les côtés. Nous avons alors l’impression que Dieu refuse d’intervenir et nous osons nous interroger sur sa bonté, même sur son désir, sur sa capacité de venir à notre aide.

Tout comme les apôtres qui voyaient Jésus dormant sur le coussin à l’arrière, alors que les vagues se jetaient sur sa barque. N’est-ce pas une des épreuves de notre foi, que de découvrir à certains moments l’apparente faiblesse de Dieu, l’apparente faiblesse de Celui que nous appelons pourtant le Tout-Puissant ? … Je crois en Dieu le Père tout-puissant, disons-nous souvent dans notre priant. 

Nous savons toutes ces tempêtes que le peuple de Dieu a connues tout au long de son histoire. Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous a rappelé aujourd’hui ce court passage de l’histoire de Job. Il nous est même difficile de croire que quelqu’un puisse connaître une vie aussi éprouvée. Le texte commençait par ces mots : Le Seigneur s’adressa à Job du milieu de la tempête. Malgré des épreuves si nombreuses et si dures, Job n’a pas cessé de croire.

Au Jardin des Oliviers, Jésus vivra lui aussi une forte tempête qui le conduira jusqu’à la mort. Il fera l’expérience de la peur, du désarroi. Rappelons-nous sa prière : Mon âme est triste à mourir. … Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Ce soir-là, il s’est trouvé bien seul, se demandant même si Dieu aussi ne l’avait pas abandonné.

Sa confiance ne fléchira pas, certain qu’il était de l’amour de son Père à qui il se confiera pleinement et qui viendra à son secours, lui fera même vaincre la mort. Ce que cette Eucharistie nous rappelle, la mort de Jésus, et aussi sa résurrection, sa joie glorieuse avec le Père et l’Esprit. Nous avons entendu dans la deuxième lecture ces paroles de l’apôtre Paul : L’amour du Christ nous saisit. Car il est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus la vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux.

Jésus disait aux Apôtres dans le récit de saint Marc : Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? Cette réponse de Jésus au cri de peur des apôtres est vraiment le coeur de cette page d’Évangile lue en ce dimanche. Cette question de Jésus revient souvent dans les évangiles.

Nous devons entendre ce reproche de Jésus parce que nous ne croyons peut-être pas assez à la toute-puissance de Dieu et aussi à sa bonté, parce que chez lui, cela va ensemble. Osons-nous parfois lancer ce cri des apôtres dans la tempête : Maître, nous sommes perdus ! C’est peut-être bien là, le cri de la vraie prière. Le récit nous dit que les apôtres ont lancé ce cri ; ils ont osé réveiller le Seigneur. Et il les a entendus : il s’est dressé debout, il a calmé la mer. 

Les apôtres, tout émerveillés devant ce qu’ils voyaient, se disaient :  Mais qui est-il donc ? La Parole forte et efficace de Jésus les surprend et leur pose question ; ils dépassent alors la vision humaine qu’ils avaient de lui et leur peur fait place à la joie et à l’action de grâce. Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là avec vous. Cette promesse nous est rappelée particulièrement à chaque Eucharistie.

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com