14e dimanche du temps ordinaire 2021 B
« Ma grâce te suffit, car elle donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Homélie
(Éz 2,2-5 ; 2 Cor 12,7-10 ; Mc 6,1-6)
En ce 14e dimanche du temps ordinaire, une expression intéressante, parce qu’elle indique un lien entre notre rencontre eucharistique du dimanche et la semaine qui se termine, et celle qui commence, soit le temps de notre vie ordinaire. Pour cela, il est bon de faire porter notre attention sur les textes des Saintes Écritures qui nous sont proposés. Ils ne sont pas sans lien entre eux et nous pouvons y voir un message éclairant, sur notre vie, sur la vie de notre Église, sur la vie de notre monde.
La première lecture nous faisait nous retrouver à Babylone, il y a environ 2600 ans, dans ce coin du monde qui est aujourd’hui l’Irak, ce pays où le Pape François s’est rendu il n’y a pas longtemps. Une partie importante du peuple d’Israël y avait été amenée en exil. Pour un grand nombre, ils étaient restés attachés à leur foi et à leur religion, ne pouvant pas oublier le Temple de Jérusalem, là où Dieu avait établi sa demeure. Voilà que Dieu intervient et c’est pour leur parler, ce qu’il fait par l’entremise du prophète Ézékiel. Il veut leur faire savoir qu’il ne peut pas abandonner son peuple et donc qu’il est là avec eux à Babylone.
Il ne faut pas penser cependant que tout le peuple, en exil à Babylone, était resté fidèle à Dieu et désireux de revenir chez lui à Jérusalem. Au contact d’autres cultures, d’autres manières de vivre, d’autres religions, nombreux étaient les Juifs qui succombaient à la tentation de s’adapter à ce nouveau contexte, oubliant la riche histoire de leur vie avec Dieu, oubliant Dieu lui-même.
C’est à cette époque que surgit une autre façon pour Dieu de manifester sa présence, la synagogue, cette maison où toute communauté juive, où qu’elle se trouve, peut se rassembler pour entendre la parole de Dieu et le prier. Voilà donc que ces croyants, en exil, loin de chez eux, découvrent que Dieu continue d’être avec eux. Cela ne nous fait-il pas penser à la promesse que Jésus ressuscité fera à ses disciples, qu’il nous rappelle en ces temps difficiles que nous vivons : Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là au milieu de vous.
La deuxième lecture nous a fait entendre ces mots de saint Paul qui ne sont pas sans nous surprendre : J’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan, qui est là pour empêcher que je me surestime. Il y a quelque chose dans sa personne et dans la vie de l’Apôtre qui l’ennuie et l’humilie, quelque chose dont il ne peut se pas se défaire. Il ne dit pas de quoi il s’agissait, mais c’était là, bien présent, le dérangeant dans sa vie d’Apôtre. Peut-être nous ressemble-t-il et plus que nous le pensons, étant nous aussi souvent dérangés dans notre vie de disciples du Seigneur par certains de nos comportements.
Dans ses lettres, saint Paul nous raconte les visions et les révélations exceptionnelles dont il a bénéficié et tout ce qu’il a fait pour servir le Christ, être fidèle à l’Évangile. Il n’hésite pas à parler aussi de ses limites et de ses faiblesses, dont cette écharde. Ça nous vaut des paroles qu’il nous faut retenir, n’étant pas sans nous rejoindre : J’ai prié le Seigneur, plusieurs fois, d’écarter de moi cette écharde, mais il m’a répondu : Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans ta faiblesse.
Des mots encourageants ! Ne nous disent-ils pas que, nous aussi, nous pouvons compter sur la grâce de Dieu, quelles que soient nos limites, nos faiblesses, et quoi qu’il se passe dans le monde, dans l’Église, dans notre vie. Compter sur la grâce de Dieu, ce fut la réalité vécue par le peuple de Dieu en exil, ce fut aussi l’expérience vécue par l’apôtre saint Paul, c’est aussi ce qui nous garde fidèles à notre foi présentement. Savoir compter sur la grâce de Dieu !
Une troisième lecture, ce récit de l’Évangile de saint Marc que nous avons entendu. Jésus, accompagné de ses disciples, revient dans son lieu d’origine, le très modeste village de Nazareth. Le jour du sabbat, fidèlement, il se rend dans la synagogue où on l’invite à commenter un passage des Écritures. Les gens qui l’entendent sont étonnés, surpris de ce qu’il leur dit. Il n’est tout de même que le fils du charpentier. Comment osent-ils leur faire la leçon ? Ils étaient profondément choqués à son sujet, écrit saint Marc.
L’expérience vécue par Jésus lors de cette rencontre avec des gens de son village nous dit clairement qu’il ne suffisait pas de l’avoir connu vivant pour lui faire pleinement confiance et devenir son disciple. Ils sont nombreux ceux et celles qui voient en Jésus un homme remarquable. Il faut aller plus loin, c’est la foi qui rend tellement d’hommes, de femmes, de jeunes, d’enfants, dont nous sommes, capables de le reconnaître comme étant le Fils de Dieu, le Seigneur, le Sauveur.
Dans le récit de saint Marc, à propos des gens de Nazareth, il est dit que Jésus s’étonna de leur manque de foi, et que, voyant cela, il s’en est allé dans les villages voisins. Jésus s’étonna ce qui lui arrivait. Cela nous surprend peut-être, cela ne nous fait-il pas réaliser que Jésus, malgré tellement de contrariétés, d’oppositions, a toujours gardé bien vivante son espérance d’homme, d’homme de Galilée, parce qu’il est toujours resté en lien avec Dieu son Père dans la prière.
Il est très encourageant de nous faire dire que Jésus a connu lui aussi des difficultés qui peuvent ressembler aux nôtres, tellement plus grandes toutefois. Le Fils de Dieu est venu vivre notre vie, une vie d’homme, de vrai homme, notre foi l’affirme. Il est venu nous indiquer et marcher avec nous cette route qui mène au Royaume de Dieu. Cela nous est redit dans cette Eucharistie où nous sont partagés la lumière de sa Parole, la nourriture de son Pain. Il nous dit à chacune, à chacun de nous ce qu’il a déclaré à l’apôtre Paul : Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.
Marc Bouchard / mbouchard751@gmail.com