Homélie - 18e dimanche ordinaire 2021 B

Homélie
2021/08/23
Homélie - 18e dimanche ordinaire 2021 B

18e dimanche du temps ordinaire 2021 B

« Mon Père vous donne le vrai Pain venu du ciel. »

 

Homélie

(Ex 16,2-4,12-15 ; Éph 4,17.20-24 ; Jn 6.24-35)

Chaque dimanche, partout dans notre monde, des chrétiens se retrouvent en communautés pour vivre l’Eucharistie, faisant mémoire de Celui qui a donné sa vie par amour. Cette rencontre avec le Ressuscité s’inscrit dans ces fidélités qui ont marqué, qui marquent leur vie, ces fidélités qui sont leur joie et pour lesquelles ils rendent grâce. Nous sommes de ce nombre faisant nôtre, nous aussi, cette parole du Concile : l’Eucharistie est le centre et le sommet de la vie chrétienne, le centre et le sommet de notre vie de baptisés. C’est là la foi de l’Église, c’est donc aussi notre foi.

Il est bon, pour rendre notre foi en l’Eucharistie encore plus enracinée dans notre vie, encore plus forte, de prendre ces quatre dimanches du mois d’août pour bien voir le lien que Jésus lui-même met entre l’Eucharistie et la foi, entre l’Eucharistie et la vie de ses disciples. Nous poursuivons la lecture, commencée dimanche dernier, du chapitre six de l'Évangile de saint Jean. Il nous raconte qu’il y a eu d'abord la multiplication des pains et, qu’aussitôt après Jésus s’est retiré, rapidement, dans la montagne. Les Apôtres, quant à eux, se sont rendus en barque à Capharnaüm où Jésus les a rejoints durant la nuit en marchant sur les eaux.

Deux miracles, la multiplication des pains, la marche sur les eaux, deux miracles par lesquels Jésus préparait ses auditeurs à accueillir l’enseignement qu’il avait l’intention de leur donner. Il se retrouve dans la synagogue de Capharnaüm et c’est là qu’il parle longuement du Pain de vie. Ce que ce récit de saint Jean nous rapporte, à propos de l’Eucharistie, est très riche, riche des paroles de Jésus, riche de la foi des apôtres, riche de la foi des premières communautés de disciples, riche de la foi de l’Église. Saint Jean a écrit ce récit longtemps après les événements, longtemps après la résurrection de Jésus, alors que s’était inscrit dans la vie des chrétiens le besoin de se rassembler le dimanche, devenu le Jour du Seigneur.

Remarquons que Jésus commence cette longue conversation de manière à attirer l’attention des gens qui l’écoutent. Amen, amen, je vous le dis. Cela signifiait : Attention, ce que j'ai à vous dire est sérieux, peut-être difficile à entendre, mais pourtant c'est bien la vérité. Voilà ses auditeurs prévenus, ceux qui étaient là à Capharnaüm, mais aussi tous ceux qui viendront à travers les siècles, et nous aussi, avec ceux et celles qui aujourd’hui demeurent fidèles au Christ ressuscité.

Faisant le lien avec le miracle de la veille, Jésus dit à ses concitoyens de la Galilée : Vous travaillez dur pour gagner votre pain, ce pain quotidien, nécessaire, mais il s’agit alors d’une nourriture périssable pour une vie périssable. Sachez bien qu’il existe une autre nourriture, un pain venu du ciel, une nourriture non périssable qui peut être en vous source d’une vie capable de durer toujours. Ne travaillez donc pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle.

On comprend facilement la réaction des gens devant une telle affirmation. Mais quelle est donc cette nourriture ? Quel signe vas-tu nous donner pour que nous puissions te croire ? Et si ce que tu dis est vrai, donne-nous de cette nourriture. La réponse de Jésus a de quoi surprendre : Cette nourriture, c’est moi. … Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim.

Il n’y a là chez Jésus aucun mépris du travail humain et des biens qu’il assure. Au contraire, à partir du besoin de pain acquis par le travail, il veut les amener à désirer un autre pain qu’il appelle le vrai pain, le pain de Dieu, le pain de Vie, le pain venu du Ciel. Ce sont là les mots mêmes de Jésus. Aussitôt reviennent à la mémoire des gens ces récits anciens, si souvent entendus, ces récits des Écritures, et spontanément ils disent à Jésus : Au désert nos pères ont mangé la manne, ce pain venu du ciel, et tu dis que tu serais ce pain.

Dans la culture juive, cette expérience de la manne vécue autrefois évoquait beaucoup plus que l’idée d’échapper à la famine, au manque de pain. Elle évoquait l’expérience qui est au cœur de la foi juive, l’expérience de la proximité de Dieu et de l’accueil de sa Parole. La manne, c’était ce signe que Dieu ne cessait jamais d’accompagner son peuple et de communiquer avec lui par l’intermédiaire de Moïse.

L’être humain a faim de pain et de parole, de l’un et de l’autre, cela fait partie de la vie, de notre vie, le pain et la parole. Reflétant ce qui est l’expérience de toute personne, la Bible dit, des paroles reprises par Jésus : L’homme ne vit pas que de pain, mais de tout parole qui sort de la bouche de Dieu.

C’est pourquoi à l’Eucharistie, nous disons toujours qu’il y a deux tables : la table de la Parole et la table du Pain. Voilà pourquoi il y a ce lutrin, lieu de la Parole, et cet autel lieu du Pain, deux lieux distincts et dont nous devons tenir compte si nous voulons donner tout son sens à la liturgie. La symbolique de ces deux lieux est importante : la Parole et le Pain, deux réalités qui, ensemble, sont source de cette vie dont nous parle Jésus aujourd’hui.

Jésus n’est pas qu’un prophète parmi les autres. Il est au centre de notre foi, le Ressuscité, le Vivant. Le connaître, ce n’est pas une connaissance de l’esprit, de l’intelligence, c’est une expérience, une rencontre avec quelqu’un. L’Eucharistie est, par excellence le lieu de cette expérience, de cette rencontre avec Jésus, le lieu où nous retrouvant en communauté de disciples il nous est donné d’entendre sa Parole et de partager son Pain, signes de sa présence avec nous et en nous, présence qui est source de vie, d’une vie pour toujours.

Marc Bouchard / mbouchard751@gmail.com