19e dimanche du temps ordinaire 2021 B
« Faire mémoire de Celui qui est Parole de lumière et Pain de vie. »
Homélie
(1 Rois 19,4-8 ; Éph 4,30-5.2 ; Jn 6,41-51)
Dans une célébration de la Parole, souvent, la liturgie nous présente comme première lecture un récit de l’Ancien Testament. Il faut le lire, l’entendre avec attention parce qu’il rejoint et éclaire le texte évangélique, ilvient appuyer son message. Il en est clairement ainsi dans la célébration de ce dimanche.
Le prophète Élie avait dû s’enfuir parce que la reine Jézabel, épouse du roi Achab, voulait le faire mourir. Mais voilà qu’après avoir longtemps marché dans le désert, il se retrouve n’ayant rien à manger et rien à boire. Le découragement le prend et il va jusqu’à souhaiter sa mort. Il est un des grands prophètes de l’Ancien Testament ; il était présent avec Moïse lors de la Transfiguration et conversera alors avec Jésus, au grand étonnement des apôtres, Pierre, Jacques et Jean.
Dieu s’était engagé à le protéger. Il lui envoie donc un ange qui pendant son sommeil lui apporte du pain et de l’eau. Cet ange le réveille et lui dit avec insistance : Lève-toi et mange car la route risque d’être encore longue. Fortifié par cette nourriture, encouragé par l’ange, il reprend la route et marche pendant quarante jours jusqu’à la montagne de Dieu.
Cette expression, quarante jours, revient souvent dans les Saintes Écritures. C’est un symbole que les écrivains sacrés utilisent pour dire le temps que ça prend pour aller à la rencontre de Dieu et vivre un temps de conversation avec lui. La montagne est aussi un symbole employé pour indiquer le lieu où se vit cette rencontre avec Dieu. Ce récit est assez clair, nous disant que, par l’intermédiaire d’un ange, c’est Dieu qui était intervenu pour que le prophète Élie poursuive sa mission car il avait besoin de lui.
N'est-ce pas en réponse à une invitation de Dieu que nous nous retrouvons chaque dimanche en ce lieu porteur d’une longue histoire, N’est-ce pas ue grâce qu’il nous accorde de pouvoir nous retrouver ensemble et vivre une rencontre avec son Fils. Entendre sa Parole de lumière, partager son Pain de vie, nous faire redire qu’il marche avec nous, nous rendant ainsi capables de poursuivre notre route avec lui, tout particulièrement durant cette semaine qui commence, quoi qu’il nous arrive.
Le lien entre ce récit et les paroles de Jésus rapportées dans le texte de l’Évangile de saint Jean est facile à faire. Voulez-vous vivre éternellement, dit Jésus aux gens qui l’écoutaient. S’ils disaient oui, il serait heureux de leur donner la nourriture nécessaire pour parcourir la route qui mène jusqu’à la maison de mon Dieu. C’est exactement ce que veulent dire ces paroles de Jésus : Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, celui, celle qui mange de ce pain vivra éternellement. Il va encore plus loin, le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde.
Ce ne sont pas là des paroles faciles à comprendre et à accueillir. Il se passe donc que la plupart des gens qui étaient venus écouter Jésus manifestent leur désaccord et décident de ne plus le suivre, comme feront tellement de gens tout au long de l’histoire. Mais beaucoup lui sont restés fidèles et c’est la présence de certains d’entre eux dans notre vie qui a fait que nous lui sommes resté fidèles nous aussi.
Nous sommes réunis ici dans cette église, riche d’un passé qui rappelle la foi de ceux et celles qui, au cours des siècles, tout comme nous aujourd’hui, sont venus entendre et vivre ces paroles de Jésus sur le Pain de vie. La raison première de l’existence de cette maison c’est de faire vivre à ceux et celles qui y viennent l’expérience vécue il y a si longtemps par le prophète Élie, l’expérience aussi des disciples de Jésus, présents lors du dernier repas pris avec lui. Cette maison, un lieu de rencontre avec Jésus où il révèle à ceux et celles qui y viennent qu’il est la Parole qui éclaire leur route et le Pain qui les fait vivre, qui les fera vivre éternellement.
C’est la foi qui a rassemblé les tout premiers disciples de Jésus, la foi en sa résurrection, la foi en sa Parole et en son Pain de vie, cette foi qui a fait naître l’Église. L’Église, ce fut d’abord ces communautés qui se sont formées, ont pris l’habitude de faire mémoire de Lui, partageant ce qu’il avait fait, ce qu’il avait dit, partageant aussi le Pain de vie éternelle.
On peut trouver étonnant ce long discours de Jésus sur le Pain de vie, que saint Jean est le seul évangéliste à rapporter. Un évangile, ce n’est jamais comme le reportage d’un journaliste. C’est plutôt une réflexion, une méditation sur le mystère de Jésus. Saint Jean rédige ce texte à partir de ce dont il se souvenait, de ce que disaient les apôtres, de ce qui s’échangeait dans les communautés. Quelques dizaines d’années, longtemps après la résurrection, saint Jean a voulu transmettre, nous transmettre ainsi la foi des disciples du premier siècle, ceux et celles dont la foi a fait naître l’Église.
Rassemblés en cette cathédrale dédié à Marie, la Mère de Jésus, son premier disciple, nous rejoignons ces si nombreuses communautés de foi, rassemblées en ce dimanche, en ce jour du Seigneur, partout dans le monde. Nous sommes l’Église vivante, l’Église d’hier, l’Église d’aujourd’hui, l’Église de demain, cette Église vivante dont notre monde a tellement besoin. Que le Ressuscité, le Vivant nous garde capables de poursuivre la route, lui qui nous dit qu’il compte sur nous, son Église, présente ici au Québec, Lui qui a besoin de prophètes pour aujourd’hui.
Marc Bouchard / mbouchard751@gmail.com