5e dimanche ordinaire B 2021
À l’exemple de Jésus, une vie marquée par la prière et le service
Homélie
(Jb 7,1-4.6-7 ; Ps 146 1-7 ; I Cor 9,16.22-23 ; Mc 1,29-39)
Quand quelqu’un se dit intéressé à entreprendre la lecture de la Bible et se demande par quel livre commencer, on peut lui suggérer l’Évangile de saint Marc que la liturgie nous fait lire cette année. C’est le plus court des quatre évangiles et c’est aussi le plus simple, rédigé dans un langage facile. Cet évangile raconte la vie de Jésus, simplement, un peu comme quelqu’un qui l’aurait suivi durant toute sa vie publique, depuis le baptême jusqu’à la croix. La tradition veut que saint Marc n'ait pas connu Jésus mais qu’il ait été un disciple de saint Pierre et donc qu’il ait mis par écrit ce que ce dernier disait de Jésus dans les communautés qu’il visitait, leur parlant de ce qu’il avait vécu avec lui.
Ce texte lu en ce dimanche est tout à fait dans le style de saint Marc. On dirait un journaliste qui rapporte ce qu’il a vu. On dit d’ailleurs que l’évangéliste a composé ce récit pour présenter ce que pouvait être une journée typique, ordinaire de Jésus. Cela se passe en Galilée, à Capharnaüm, le jour du sabbat et le lendemain. Il faut se rappeler que pour les juifs, du temps de Jésus et d’aujourd’hui, le jour du shabbat commence au coucher du soleil le vendredi et se termine avec l’apparition des premières étoiles le samedi, le shabbat étant strictement réservé à la prière et à l’étude de la Bible, à la synagogue et à la maison.
Ce jour du shabbat, Jésus s’est donc d’abord rendu à la synagogue avec ses premiers disciples, André et Simon, Jacques et Jean, et là, il a enseigné et délivré un homme possédé d'un esprit impur. C’est ce que nous rapportait la lecture de dimanche dernier. Cela se continue dans ce récit d’aujourd’hui. Au sortir de la synagogue, Jésus et ses quatre compagnons se rendent chez Simon. Ils y trouvent sa belle-mère au lit avec de la fièvre. Jésus s’approche d’elle, la prend par la main et la fait se lever; la fièvre la quitte et elle se met à les servir.
Jésus avait donc chassé un esprit mauvais puis guéri la belle-mère de Simon. On comprend facilement que cela s’est rapidement répandu dans toute la ville. Ce qui se passe ensuite n’est pas étonnant. L’évangéliste écrit : Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. En indiquant que le soleil est couché, donc que le shabbat est terminé, Marc veut sans doute attirer l’attention de ses lecteurs sur quelque chose qui lui paraît important.
Il continue sa présentation d’une journée de Jésus. Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Jésus se retire pour rencontrer Dieu. Puis revenu près de ses disciples, il leur dit : Partons ailleurs, dans les villages voisins et il parcourut toute la Galilée. Est-ce la prière qui pousse Jésus à partir ailleurs, à parcourir toute la Galilée ? Loin d'affaiblir son ardeur missionnaire, il semble bien, au contraire, que ce retrait dans le silence le relance. Jésus ne serait pas allé aussi loin dans l'évangélisation s'il ne s'était pas retiré aussi souvent dans la prière.
On se demande parfois ce qui doit passer en premier, la prière ou l’action. Jésus nous dit que c’est là un faux dilemme, l'une ne peut aller sans l'autre. C’est ce qu’on est en train de redécouvrir dans l’Église actuellement et c’est une conséquence du Concile : on parle beaucoup d’évangélisation, donc de paroles et d’actions. En même temps, on dit que l’essentiel, c’est de revenir au Christ dans la prière, dans une plus grande connaissance de sa parole, dans l’Eucharistie, c’est là que l’évangélisation prend sa source et trouve son efficacité.
C’est le but que saint Jean-Paul II a donné aux Journées mondiales de la Jeunesse : rappeler aux jeunes chrétiens que leurs engagements dureront s’ils s’enracinent dans la prière et l’adoration. On parle des Journées mondiales de la Jeunesse, au pluriel, alors que la Pape parle toujours de la Journée mondiale de la Jeunesse, au singulier, parce que cette rencontre des jeunes venus de partout prend tout son sens dans la soirée d’adoration du samedi soir et de l’Eucharistie solennelle du dimanche, deux longs temps de prière présidés par le Pape.
La place importante des guérisons dans le ministère de Jésus remet en question certaines de nos façons de parler de la souffrance. Si Jésus guérit les malades, c'est que la maladie est un mal ; s'il guérit en même temps qu'il annonce le Royaume, c'est parce que le mal vient contrecarrer le projet de Dieu et donc qu’il faut lutter contre le mal sous toutes ses formes.
Dans la première lecture, nous avons entendu Job crier sa souffrance, et il en est de même dans tout le livre portant son nom. À la fin toutefois, Dieu lui donne raison d'avoir osé crier sa protestation. La souffrance en soi est toujours un mal, il faut oser le dire : la maladie n’est jamais un bien. Il est vrai qu’avec la grâce de Dieu on peut trouver dans la souffrance un chemin qui fait grandir, mais la souffrance n’en reste pas moins un mal.
Nous sommes appelés à faire tous les efforts possibles pour lutter contre les souffrances humaines. L’évangélisation, ce n'est pas que paroles, l’annonce de l’Évangile a toujours été, en même temps et inséparablement, une lutte contre tout forme de souffrance. Jésus guérissait et les cœurs et les corps.
Ce récit de saint Marc nous racontant ce que pouvait être une journée dans la vie de Jésus devient parole d’évangélisation adressée à tous ses disciples. Suivre Jésus, être son disciple, c’est faire ce qu’il a fait dans le contexte de vie qui est le nôtre à chacun et chacune. Que l’évangile de ce dimanche nous interpelle pour que chacune de nos journées soit aussi annonce de l’Évangile par la prière et le service.
Marc Bouchard, prêtre
mbouchard751@gmail.com