5e dimanche de Pâques 2021
Demeurez en moi comme moi en vous.
Homélie
(Ac 9,26-31; I Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8)
Les Actes des Apôtres nous racontent, en ces dimanches de Pâques, la naissance de l’Église et comment peu à peu elle a organisé sa vie. Le dernier verset de la première lecture nous donne un portrait d’une Église qui n’était plus la seule communauté de Jérusalem. L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. Des hommes, des femmes bien ordinaires, qui mettaient leur foi et toute leur confiance dans le Ressuscité, ont osé faire ce dont ils se pensaient incapables, faire naître partout des communautés de disciples de cultures et de langues différentes.
Rédigés dans les années 90-95 par saint Luc, les Actes des Apôtres sont considérés comme la suite de son Évangile. Ils nous racontent comment les apôtres et les disciples ont répondu avec empressement à l’appel du Christ Jésus : Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Ces récits que nous pouvons lire dans les Actes des Apôtres nous font connaître les noms de ces villes où se sont formées rapidement, tout autour de la Méditerranée, les premières communautés chrétiennes.
De Jérusalem sont partis les premiers missionnaires qui sont allés faire naître l’Église à Antioche, à Thessalonique, à Corinthe et en bien d’autres villes, jusqu’à Rome la capitale de l’Empire. Dans les siècles qui suivront, la longue et courageuse marche des missionnaires de l’Évangile les amènera jusqu’à Lyon en France. Partant de ce pays ils traverseront la mer pour venir jusqu’ici à Québec en Amérique du Nord. D’ici, de très nombreux missionnaires partiront pour aller annoncer la Bonne Nouvelle dans tellement de pays.
Le pape François est un témoin actuel de cette marche de l’Église. Né dans une famille venue d’Italie, à Buenos Aires en Argentine, il en est devenu l’Évêque puis il a été élu Évêque de Rome. On ne peut pas oublier son apparition, le soir de son élection, sur le balcon de la basilique Saint-Pierre. Son premier geste a été de se faire bénir par la foule et de l’inviter à prier pour lui. Une foule très nombreuse formée de chrétiens de la ville et du diocèse de Rome, mais aussi de pèlerins représentant des communautés chrétiennes d’un peu partout dans le monde. Élu Pasteur de la communauté diocésaine de Rome, il est aussi le Pasteur de cette vaste communauté qu’est l’Église catholique et il poursuit cette marche qu’exige l’annonce de l’Évangile.
Comme toujours dans la célébration de la Parole du dimanche, la première lecture n’est pas sans lien avec le récit évangélique. Pour parler du lien de Jésus avec ses disciples et du lien de ses disciples avec Lui, saint Jean aime beaucoup utiliser le mot demeurer, un verbe actif. Dans ce court texte lu aujourd’hui, il emploie ce mot huit fois : Demeurez en moi comme moi en vous. Un autre mot très significatif, le mot comme. Ce lien que Jésus établit avec ses disciples, il veut que ses disciples l’établissent avec lui. Il faut lire et relire tout ce chapitre quinze de l’Évangile de saint Jean parce que c’est à ceux et celles qui le lisent que ces paroles si chaleureuses s’adressent et donc à nous aussi. Je vous appelle mes amis, nous dit-il.
Il est intéressant de remarquer que pour nous dire cela, dans ce chapitre quinze, l’apôtre Jean laisse entièrement la parole à Jésus. Rien ne se passe et personne n’intervient, comme c’est le cas d’habitude dans les récits évangéliques. Ce chapitre commence par ces mots : Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève. Tout sarment qui porte du fruit, il le purifie pour qu’il en porte davantage. Il n’y a que Jésus, le Père, l’Esprit de vérité, qui sera nommé plus loin, et nous. Moi, je suis la vigne, vous, les sarments, et mon Père est le vigneron.
Ces paroles, saint Jean les fait dire à Jésus lors de son dernier repas avec ses disciples, dont le souvenir demeurera très présent dans leur cœur et dans leur vie. Vous ferez cela en mémoire de moi. Naîtra cette tradition essentielle dans la vie des premières communautés chrétiennes, qui fera que le pain et le vin sont inséparables et révèlent ce qui est au cœur de notre foi. Du pain, du vin, la prière d’un prêtre et d’une communauté célébrante, réunie par la Parole, cela suffit pour nous mettre en présence du Christ, nous rappeler sa vie d’homme et sa mort, nous faire reconnaître au milieu de nous sa présence de Ressuscité, de Vivant dans la gloire du Royaume. Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. … Je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit.
La vigne est unique mais innombrables sont les sarments, on les retrouve partout sur la terre et Jésus les désigne, ceux et celles qui sont devant lui, ceux et celles qui liront, entendront ses paroles : Vous êtes les sarments. Des sarments liés à la vigne on attend qu’ils portent beaucoup ce fruit et ce mot revient plusieurs fois dans le texte évangélique. Tout comme les sarments ne portent des fruits que s’ils sont unis au cep, ainsi faut-il que nous soyons rattachés à Jésus, Christ, Ressuscité, Fils de Dieu, pour que notre vie donne des fruits d’amour, de générosité. Celui qui demeure en moi et en qui j demeure, celui-là porte beaucoup de fruit.
Marc Bouchard, prêtre
Mbouchard751@gmail.com