Ascension du Seigneur 2021
Le Seigneur travaillait avec eux…
Homélie
(Ac 1,1-11 ; Eph 4,1-13 ; Mc 16,15-20)
Le livre des Actes des Apôtres est fort intéressant à lire car il nous raconte la vie des premières communautés chrétiennes, les débuts de l’Église et son expansion rapide. Il nous met en contact avec l’enseignement des Apôtres, de disciples qui avaient connu Jésus. Saint Luc se montre aimable à l’égard de ses lecteurs en commençant par ces deux mots, Cher Théophile, comme lorsqu’on écrit une lettre à quelqu’un. Ce nom de Théophile est d’origine grecque, un mot qu’on pourrait traduire par : Toi que Dieu aime, Toi l’ami de Dieu. Un beau nom, Théophile, un nom que saint Luc, donne à chacun de ses lecteurs, et donc à chacun, chacune de nous. Ce livre qui suit ceux des Évangiles dans le Nouveau Testament est plus qu’un livre d’histoire, c’est une belle lettre que saint Luc nous adresse et qui vient nourrir et éclairer notre foi, notre attachement à Jésus, le Ressuscité, le Vivant.
Ce livre commence par un récit qui nous parle de la dernière rencontre de Jésus avec ses Apôtres, ce jour où Jésus fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est l’événement que nous rappelons et célébrons en ce dimanche et avec toute l’Église, l’Ascension du Seigneur. Par ce texte, celui de la première lecture, saint Luc établit un lien entre son Évangile et les Actes des Apôtres ; il tient d’ailleurs à le dire. Les Apôtres regardent leur Maître s’en aller et ce n’est pas sans un certain regret. Mais ce n’est pas aussi sans confiance car ils n’oublieront pas les dernières paroles qu’il leur a dites. Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous et vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. On peut se permettre de préciser, d’ajouter, jusqu’en Amérique du nord, jusqu’au Québec et de là partiront des missionnaires qui iront partout annoncer la Bonne Nouvelle. Pour que cela se réalise, il ne faut pas que vous Galiléens vous restiez là à regarder le ciel, et ceux et celles qui viendront après vous devront aussi être les témoins du Christ ressuscité.
Quand les Apôtres et de nombreux disciples se mettront en marche, comme ça nous est dit dans le récit évangélique, ils réaliseront que le Seigneur marche avec eux, travaille avec eux et confirme la Parole par les signes qui l’accompagnent. Ce sont les derniers mots de l’Évangile. Ne serait-ce pas là la bonne nouvelle de cette fête d’aujourd’hui, une bonne nouvelle que nous avons besoin de réentendre. Le Ressuscité, qui est retourné vers le Père, n’a pas quitté ses disciples, il marche avec eux sur la route de la mission. Nous pouvons oser penser et dire qu’il marche aussi avec nous sur la route de notre vie de baptisés. Parmi les mots qui reviennent souvent dans les Écritures, il y a celui de témoins et pour Jésus ce mot définit ce que doivent être ceux qu’il appelle à le suivre. Ce mot en évoque nécessairement un autre, le mot marcher, un verbe d’action, un mot qui est nécessairement un appel à l’action. On pourrait même dire que c’est par ce mot qu’a commencé l’histoire du salut. Au début de la Bible, aussitôt après le récit de la création, il est raconté ceci : Adam et Ève marchant dans le jardin d’Éden entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour. Dieu qui venait marcher avec eux. N’est-ce pas là une belle image pour nous dire que Dieu est présent à nos côtés.
L’histoire de l’humanité sera une longue marche et on ne cessera pas de pouvoir compter sur la présence de Dieu. Cette histoire s’est poursuivie jusqu’à maintenant et elle va se continuer. On ne peut pas empêcher Dieu d’être ce qu’il est. Les personnages importants de l’Ancien comme du Nouveau Testament ont été des hommes et des femmes qui, en réponse à l’appel de Dieu, ont marché, ont fait marcher le Peuple de Dieu. La première fois qu’on parle d’Abraham, l’ancêtre de tous les croyants et croyantes en un seul Dieu, c’est pour entendre Dieu lui dire : Pars, mets-toi en marche vers le pays que je te montrerai. Et il a marché, en plus, sans savoir où il allait. Que nous racontent les Évangiles, si ce n’est pas la constante marche de Jésus, depuis celle qui a précédé sa naissance à Bethléem, son séjour en Égypte, son retour à Nazareth, ce village, cette région où il a circulé durant trente années. Puis, ce qui nous rejoint davantage, il a parcouru les routes de son pays, de la Galilée jusqu’au Golgotha, appelant des hommes et des femmes à marcher avec lui. Il faut se rappeler ce beau récit de la marche de Jésus ressuscité avec deux disciples sur la route d’Emmaüs. Ce récit semble bien, pour saint Luc, annoncer ce qu’il va raconter dans les Actes des Apôtres, un long récit de la mise en marche de l’Église.
L’Ascension de Jésus, son départ de notre monde, son retour vers le Père, est racontée deux fois dans la Parole de Dieu de ce dimanche. C’est pour nous dire chaque fois que si Jésus terminait son aventure humaine, quittait notre monde, ses disciples devaient prendre la relève, partir, poursuivre la marche que lui avait commencée. Être ses témoins, à Jérusalem tout d’abord, puis dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Comment être les témoins de Jésus sans « aller à toute rencontre », selon cette belle expression de saint François de Laval. Voilà que dans le contexte difficile que nous connaissons, et social et ecclésial, cet appel de Jésus nous est redit par le pape François et par notre évêque Gérald. Tous les deux nous disent avec insistance que nous devons être des disciples-missionnaires, en mettant un trait d’union entre ces deux mots. Pour poursuivre cette mission dans laquelle nous sommes déjà engagés, la Parole de Dieu nous redit aujourd’hui la promesse que Jésus a faite à ses disciples avant de les quitter. Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous. Cette venue de l’Esprit va nous être rappelé dimanche prochain, fête de la Pentecôte. L’Ascension et la Pentecôte, deux événements qui n’en sont qu’un va nous rappeler ces paroles de Jésus, les dernières avant de quitter ses disciples, ces paroles qui nous sont dites avec insistance aujourd’hui et je les répète : Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous. Il est venu, il vient, il viendra. Le Seigneur nous l’a promis.
Vous serez mes témoins, a dit Jésus à ses disciples, d’abord à Jérusalem, puis dans la Judée et la Samarie, et ensuite dans le monde entier. D’abord à Jérusalem… Il semble très clair qu’il compte sur nous pour que nous soyons ses témoins, ses disciples-missionnaires ici chez nous. Ils s’en allèrent proclamer l’Évangile, le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Marc Bouchard, prêtre
Mbouchard751@gmail.com