Homélie du 3e dimanche de Pâques 2016 par M. l'abbé Marc Bouchard

Homélie
2016/04/11
Homélie du 3e dimanche de Pâques 2016 par M. l'abbé Marc Bouchard

3e dimanche de Pâques 2016

Cathédrale Notre-Dame de Québec

Troisième dimanche de Pâques ! C’est Pâques encore aujourd’hui, et le Ressuscité nous attendait, dans cette demeure où il souhaitait nous voir nous rassembler. Il nous accueille avec toute la réalité quotidienne de notre vie, nos joies et nos tristesses, nos réussites et nos échecs, nos souffrances et nos bonheurs, tout ce que nous avons vécu au cours de cette semaine. Il a préparé la table pour nous et il nous offre la possibilité d’un nouveau départ, d’un nouvel élan pour les jours et les semaines qui viennent. 

Homélie

(Ac 5,27-32 ; Ap 5,11-14 ; Jn 21,1-19)

Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent, du livre des Actes des Apôtres. Des témoins de tout cela, Pierre et les autres, apôtres, disciples, qui étaient là avec lui, et tous ceux et celles qui viendront à travers les siècles. Des témoins fidèles qui se laissent guider par l’Esprit !

Ces témoins fidèles que nous sommes, en ce temps ! En ces années de grands bouleversements, que nous avons connus et que nous continuons et continuerons à connaître, la fidélité est sûrement une des qualités qui définissent les vrais disciples du Seigneur, fidélité à lui le Seigneur, à son Évangile, à son Église.

Jésus se manifeste aux disciples sur le bord du lac de Tibériade. Le lac de Tibériade, c’est là, dans cette belle région, que tout avait commencé. Là que Jésus avait appelé ses premiers compagnons, là qu’il avait établi sa demeure, dans la maison de Simon, là aussi, qu’il avait voulu vivre son départ définitif et l’envoi en mission de ses disciples. Là que tout repart, avec cette dernière rencontre du Ressuscité. Ces récits ont été écrits, écrivait saint Jean, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

L’évangéliste nous donne la liste des disciples présents à cet événement. Ils étaient sept. Nous savons la signification importante des nombres dans Bible : sept, le nombre de la totalité, de la plénitude. C’est comme dire que tous sont là, les cinq qui sont nommés et deux autres, deux inconnus qui peuvent être n’importe qui. On peut penser que l’évangéliste, en rédigeant son récit, a bien compris que Jésus ne s’adressait pas uniquement à ceux qui étaient là, mais aussi à toutes celles, tous ceux qu’il appellerait et qui deviendraient ses disciples, à toute époque et en tout lieu.

Au lever du jour, Jésus était là sur le rivage. Il attendait patiemment ses disciples qui revenaient de la pêche, une pêche infructueuse. Des pêcheurs qui reviennent sans poissons, fatigués, déçus. Mais Jésus était là, sans qu’ils le sachent, tout comme lors des rencontres du matin de Pâques ou celle sur la route d’Emmaüs.

Les deux qui ne sont pas nommés, ne serait-ce pas pour nous dire qu’il est là aussi sur la route de notre vie, depuis notre baptême, depuis que nous sommes devenus ses disciples ? Souvent, il est là à nous attendre, sans que nous le sachions. Peut-être même nous est-il arrivé, à certains jours, tout comme aux apôtres, de ne pas savoir le reconnaître, et de réaliser après coup qu’il était là, fidèle, comme il nous l’a promis, attentif à ce tout que nous vivons, nous renouvelant sans cesse le don de son Esprit.

Jésus attendant ses amis sur le rivage devait savoir que leur pêche n’avait rien rapporté, et ce n’est sûrement pas sans un petit sourire qu’il leur demande du poisson. À leur réponse négative, il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez. Sans trop savoir pourquoi, sans comprendre ce qui se passe, ils obéissent  à cet homme, qu’ils commencent peut-être à reconnaître. Ils lancent leur filet et ils font alors une pêche qui dépasse tout ce qu’ils auraient pu espérer. On peut facilement imaginer leur étonnement, leur joie, surtout qu’ils reconnaissent que c’est lui le Seigneur qui est là.

Sur le bord du lac de Tibériade, au cours de cette troisième rencontre, si on se réfère à ce dernier récit de l’évangile de saint Jean, Jésus confirme la mission de Pierre. Par trois fois, il lui pose la même question : Pierre, m’aimes-tu ? Trois fois… Il ne l’interroge pas sur ses capacités, sur ses compétences, mais seulement sur son amour à son égard. Il sera le pasteur, le berger ; il devra prendre soin des brebis et les guider vers de riches pâturages.

On sait par ce que les évangiles nous disent de lui que Pierre n’était pas meilleur que les autres apôtres et disciples. Jésus le choisit, lui, parce qu’il a besoin de quelqu’un pour un service, un service nécessaire à la poursuite de la mission qu’il confie à ses apôtres. Un appel à servir, humblement, généreusement, et Jésus lui dit jusqu’où son service devra aller : Un autre te mettra ta ceinture pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : Suis-moi, comme lors des toutes premières rencontres.

Pour Pierre, c’est un nouveau départ, une vie nouvelle. Et aussi pour ses compagnons, les autres disciples qui, de peureux qu’ils étaient, deviennent courageux et capables d’affronter toutes les oppositions, ce que nous racontent Les Actes des Apôtres et la longue et belle histoire de l’Église, de l’évangélisation du monde.

En ce troisième dimanche de Pâques, nous rendons grâce pour toutes les résurrections, d’abord celle de Jésus, puis celle de Pierre et des autres disciples et aussi la nôtre en train de se réaliser. Nous célébrons un nouveau départ sur la route, notre route de baptisés à la suite du Ressuscité.

Venez déjeuner ! Pour ses apôtres qui revenaient de la pêche, le Seigneur avait préparé du poisson et du pain, de quoi refaire leurs forces. Un geste plein d’amitié et de délicatesse. C’est la seule fois dans les évangiles où Jésus agit avec autant de simplicité; il invite les siens à partager sa table. Quand ils eurent mangé…C’est aussi un geste porteur d’une riche signification. Jésus ne cessera jamais de faire vivre à ses disciples ce repas qu’il avait pris avec ses amis les plus proches la veille de sa mort, repas qui les gardera fidèles à la mission qu’il leur a confiée.

Un moment fort dans notre vie chrétienne, cette Eucharistie qui nous rassemble dans la joie chaque dimanche. Après avoir entendu la Parole de Dieu, nous allons rompre et partager le pain, une fois encore, tout comme les disciples marchant sur la route d’Emmaüs le soir de Pâques. Après qu’ils eurent mangé avec lui. Comme pour eux, ce partage de la Parole et du Pain est rencontre du Seigneur, là où notre fidélité dans la suite du Seigneur et dans nos engagements puise force et audace pour un nouveau départ avec lui sur la route de notre vie.