Assomption de la Vierge Marie
Homélie
(Ap 11,19a.12,1-6a.10ab ; I Cor 15,20-27a ; Luc 1,39-56)
Vous me permettez sûrement de commencer cette homélie par une petite histoire toute personnelle. Lors d’un séjour en France, plus précisément chez des amis en Normandie, avec ma jeune nièce, nous sommes allés à la messe le dimanche 14 août. Le lendemain, lundi, c’était le 15 août, donc la fête de l’Assomption, nous sommes retournés à la messe pace qu’en France, c’est fête d’obligation. Le curé m’a invité à présider et a demandé à ma nièce de faire les lectures. À notre grande surprise, l’église paroissiale était pleine de monde, peut-être plus que la veille ; en France, l’Assomption est considérée comme une fête nationale depuis 1638.
L’Assomption est peut-être la fête mariale la plus populaire. Dans la plupart des pays du monde, pour les catholiques, c’est une fête d’obligation, inscrite au calendrier liturgique depuis le Ve siècle. Cela veut dire que dès les tout premiers siècles, l’Église a pris conscience dans sa foi et dans sa prière qu’en Marie était préfiguré ce qui nous attend, notre entrée dans le monde de Dieu à la fin de notre vie.
En pensant au mystère que la liturgie nous fait célébrer en ce dimanche, spontanément, notre imagination nous fait voir une montée au ciel, tout comme nous imaginons l’Ascension du Seigneur, une sortie, une évasion de notre monde terrestre, une entrée dans la demeure éternelle de Dieu. Pensons aux peintres nous faisant voir Marie sortant de son tombeau débordant de fleurs, ou encore se retrouvant dans les nuages, entourée d’anges, toujours avec la présence des apôtres tout étonnés.
Ce que nous dit la préface de l’Ascension du Seigneur est éclairant à ce sujet : Jésus, élevé au plus haut des cieux, ne s’évade pas de notre condition humaine, mais en entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps, l’espérance de le rejoindre un jour. Les paroles de la préface d’aujourd’hui vont nous dire sensiblement la même chose : La Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée dans la gloire du ciel ; parfaite image de l’Église à venir, elle guide et soutient l’espérance du peuple de Dieu encore en chemin.
Élevée dans la gloire du ciel, dans le langage biblique cette expression est utilisée pour parler de la résurrection. L’Assomption de Marie est une participation à la résurrection de son Fil et une anticipation de notre propre résurrection. Après avoir dit cela, il se peut que nous soyons étonnés d’entendre aujourd’hui le récit de la Visitation. C’est nous dire que cette fête d’aujourd’hui doit être vécue comme une Visitation de Marie, une visite que Marie nous rend.
Quand elle vivait à Nazareth et circulait dans son village, dans son pays, elle ne pouvait rencontrer les gens qu’en se déplaçant, en marchant ou sur son petit âne. Maintenant qu’elle a été élevée à la gloire du ciel, elle peut nous rendre visite là où nous sommes. Ne serait-ce pas ce que pourrait nous dire le grand nombre de ses apparitions, dans tellement de lieux et de contextes différents.
L’Assomption de Marie fait que, comme le Seigneur ressuscité, elle est présente là où Dieu demeure, donc partout où nous vivons. Marie a quitté le monde visible, mais c’est pour se retrouver dans le monde de Dieu. N’est-ce pas ce que vient nous révéler ce très beau récit de l’évangéliste saint Luc. En ces temps que nous vivons, que nous trouvons difficiles, il est bon de lire et relire ce beau récit de l’évangéliste saint Luc. Il s’agit vraiment d’une Bonne Nouvelle qui nous est redite en cette fête de l’Assomption de Marie.
Reprenons certaines des paroles que nous venons d’entendre. En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement chez ses cousins Zacharie et Élisabeth. En ces jours-là, ce sont ces jours où Marie a appris la venue en elle de Celui qui sera le Sauveur du monde. Dieu est alors présent dans son corps ; en son Fils il est venu habiter toute sa personne, toute sa vie. Avec empressement, elle va annoncer cette Bonne Nouvelle.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. La visite de Marie à ses cousins fait venir le salut de Dieu dans leur maison, dans leur vie. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint. La venue de l’Esprit, la visite de Marie est comme une Pentecôte. La venue de Marie, sa salutation à ses cousins est le surgissement de l’Esprit dans cette maison, ce village.
Reprenons ces mots d’Élisabeth : D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. La visite de Marie, sa présence dans cette maison, dans la vie d’Élisabeth et de Zacharie, même dans la vie de l’enfant dans le sein de sa mère, cet événement fait jaillir la joie. Les mots joie, allégresse se retrouvent très souvent dans les psaumes et c’est pour manifester chaque fois la présence de Dieu.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites. Marie est le modèle de l’Église, du peuple de la foi, de toute chrétienne, de tout chrétien. À la source de la joie, il y a sa foi, sa foi en la Parole de Dieu, l’engagement de toute sa personne, de toute sa vie.
Que la célébration de cette fête de l’Assomption soit pour nous Visitation. Que cette visite de Marie nous fasse participer à sa plénitude de grâce, nous rende plus accueillants, plus accueillantes à l’Esprit, fasse de nous des disciples de son Fils encore plus fidèles, que nous soyons toujours prêts à son exemple à nous laisser guider par la Parole de Dieu, qu’il nous arrive d’être empressés à annoncer la Bonne Nouvelle de la présence de son Fils dans l’histoire de notre Église, de notre monde.
Marc Bouchard / mbouchard751@gmail.com